Ephèse, ville antique située dans l’ouest de l’actuelle Turquie, qui fut autrefois grecque puis romaine, pourrait bien avoir été le lieu d’un des assassinats le plus célèbre du monde de l’antiquité, celui d’Arsinoe, la soeur cadette de Cléopâtre.
Nous sommes en 49 avant J.C. Cléopâtre est alors en plein conflit avec son frère et époux Ptolémée XIII, mais également avec sa soeur Arsinoé. Au coeur de la dispute, la lutte de pouvoir et la posture à adopter face à un empire romain plus que jamais conquérant et qui finira tôt ou tard par dominer l’Egypte. Faut-il s’opposer à la soif de conquête de Rome ou bien au contraire tenter de l’amadouer ? Cléopâtre que Ptolémée XIII a envoyé en exil, était plutôt partisane de la seconde solution et réussit à rallier Jules César auprès d’elle. Selon la légende, Cléopâtre serait parvenue à déjouer la surveillance de son frère et à s’introduire auprès de César, alors en Egypte pour régler le conflit royal, en se faisant transporter dans un tapis. Une extravagance qui n’eut sans doute pas manqué de séduire le stratège.
Cette alliance fut perçue comme une véritable trahison par Arsinoe et Ptolémée XIII qui tenta de chasser les Romains hors d’Egypte. En 48 avant notre ère, la garde fidèle au jeune pharaon prit les armes et assiégea le palais où César avait établi ses quartiers. César répliqua en prenant Arsinoe et Ptolémée XIII en otage. Cet épisode est connu sous le nom de « guerre d’Alexandrie ». Mais Arsinoe parvint à s’échapper et elle rejoignit ses partisans qui la proclamèrent reine d’Egypte. Elle lança alors avec ses troupes une attaque contre le phare d’Alexandrie dont César avait pris possession. Il échappa de peu à la mort. Pourtant, la victoire d’Arsinoe fut de courte durée. Les renforts de l’armée romaine parvinrent jusqu’à Alexandrie et capturèrent la jeune reine. Symbole de son triomphe, elle fut ramenée à Rome par César en 46 avant J.C., il la fit défiler enchaînée devant le peuple romain. S’il ne la fit pas exécuter (Arsinoe n’était alors qu’une jeune fille et a pu susciter la pitié du peuple romain), elle aurait en revanche été bannie et envoyée en exil à Ephèse où elle trouva refuge dans le sanctuaire d’Artémis (déesse protectrice de la ville d’Ephèse), auprès du grand prêtre de la déesse. Le temple d’Artémis, septième merveille du monde de l’antiquité, était également connu pour abriter des exilés politiques.
Malgré tout, Arsinoe constituait toujours un danger potentiel pour Cléopâtre. En 41 avant J.C., la reine aurait obtenu avec l’aide de Marc Antoine, suite à la mort de César, qu’elle soit arrachée de cet asile pour être ensuite mise à mort. Cléopâtre aurait également exigé de punir le grand prêtre qui avait recueilli Arsinoe mais le peuple d’Ephèse s’y opposa. Il plaida sa cause auprès de Marc Antoine et obtint gain de cause. La découverte en 1926 d’une tombe comportant des ossements de femme semble corroborer l’hypothèse de l’assassinat d’Arsinoe à Ephèse. Des examens réalisés en 2007 ont par ailleurs permis de dater ces ossements entre 200 et 20 avant notre ère et d’établir qu’ils étaient ceux d’une jeune femme.
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Pour en savoir plus sur la mort d’Arsinoe je vous conseille :
« Marc-Antoine, dernier prince de l’Orient grec », François Chamoux, Arthaud, 1986
« Cléopâtre, portrait d’une tueuse », documentaire réalisé par Paul Elston, 2009
Intéressant ce billet, j’ai pris plaisir à le lire…